Le CVP Itxassou à l’honneur dans Sud-Ouest à la veille de ses 70 ans
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CVV Itxassou
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À la veille de fêter ses 70 ans d’existence, le CVP Itxassou est mis à l’honneur dans les colonnes du journal Sud-Ouest, par Chloé Dasquet. Une belle reconnaissance pour notre club, qui voit ainsi son histoire, son engagement et ses valeurs partagés avec un large public.
Pays basque : le ventre qui pétille et les yeux qui brillent, on a testé le vol en planeur à Itxassou
Par Chloé Dasquet
Publié le 18/08/2025 à 17h27
Au Pays basque, il n’est pas rare d’apercevoir une ombre qui survole les montagnes, sans faire de bruit. Ce sont les planeurs du club d’Itxassou, qui volent toute l’année pour des escapades privilégiées. « Sud Ouest » a embarqué à bord de l’un d’eux pour vous raconter ce moment
« Piloter un planeur ? C’est plus compliqué que piloter un avion », plante Jean-Patrick Gaviard, ancien pilote de chasse. À 75 ans, ce retraité de l’État-major n’a pas perdu son grade de général, que les membres du club de vol en planeur d’Itxassou utilisent encore lorsqu’ils parlent de leur président.
Le 13 août, comme tous les mercredis et les week-ends, les planeurs mono et biplaces s’envolent depuis l’aérodrome du village, niché au sommet de la colline d’Urzumu, pour survoler l’Artzamendi, contempler l’Ursuya et toucher la Rhune des yeux.
« Itxassou sans vol à voile, ce n’est plus Itxassou », affirme alors Jean-Luc, reprenant les mots d’une habitante de la commune. Si l’aérodrome a pu provoquer des tensions entre les Itsasuars, le club s’efforce de se rendre le plus discret possible, ayant notamment troqué son vieil ULM pour un appareil plus silencieux. Les créneaux et les zones de vol ont également été adaptés.
Futurs pilotes professionnels
Le terrain de l’association, qui abrite une piste de 600 mètres, est dédié au sous-lieutenant Robert Iribarne, né à Bayonne en 1918. Pilote de l’escadrille Normandie-Niémen pendant la Seconde Guerre mondiale, il mourut au combat en 1945. Lui et ses successeurs inspirent toujours les jeunes du club, qui, pour les trois-quarts, se destinent à des carrières de pilotes professionnels. 40 % des membres de l’association – qui fêtera ses 70 ans en septembre - ont en effet moins de 25 ans.

« À 15 ans, c’était soit le scooter, soit le planeur. J’ai choisi le planeur »
Maïana, 17 ans, a eu un « coup de cœur » pour le vol à voile après son stage de seconde dans la structure. Alors que le code et le permis voiture se font attendre, elle prend déjà les commandes dans les airs. Mathieu, à ses côtés, se souvient en souriant : « À 15 ans, c’était soit le scooter, soit le planeur. J’ai choisi le planeur ». À 19 ans, il se rêve pilote de chasse. Il passera le concours de l’École de l’air l’année prochaine, comme Antonin, 18 ans, qui espère que les prétendants devant lui, en liste d’attente, ne l’empêcheront pas d’intégrer la prestigieuse institution militaire en septembre. « On est là pour se faire plaisir », résume ce dernier, qui concourt, cette semaine, dans les championnats de France de la discipline.

« Un jour, je rendrai ce qu’on m’a donné »
Pour Jean-Patrick Gaviard, voir des jeunes aussi motivés représente la récompense de son engagement dans l’association : « C’est vraiment ça que je veux faire, transférer ma passion aux jeunes. Je me suis toujours dit qu’un jour je rendrai ce qu’on m’a donné », explique-t-il, ému lorsqu’il se remémore son premier vol. « C’était pendant ma première année de Math Sup à Bordeaux, où je traînais beaucoup autour des avions, mais sans avoir d’argent pour en faire. Un jour, un militaire m’a proposé de monter avec lui pour un vol de contrôle. Il ne m’a pas dit un mot de plus pendant le vol, mais j’ai senti qu’il se passait quelque chose de fort entre lui et moi à ce moment-là. »

Après avoir déjeuné ensemble, les pilotes écoutent attentivement Martin Leÿs, le président de la Fédération française de vol en planeur, pour le brief d’avant vol. S’il n’y a « pas de phénomène particulier » aujourd’hui, le brouillarta qui se dessine sur la côte pourrait contraindre les horaires de décollages. Tout le monde s’active alors rapidement sur la piste pour les premiers envols, que ce soit pour les baptêmes ou les cours.
Du haut de ses 14 ans, Iban enfile son parachute et s’installe à l’avant de l’un des planeurs biplaces. Bien déterminé à devenir pilote, il a déjà obtenu son Brevet d’initiation aéronautique (BIA). Mais voilà qu’après quelques minutes en l’air, le vélivole qui l’accompagne amorce l’atterrissage. « Je suis barbouillé », soupire Iban, chagriné à son retour au sol. Puisqu’il est finalement « bien, là, les deux pieds sur terre », il n’exclut pas une carrière de mécanicien aéronautique.

Larguer le câble
C’est ensuite à notre tour de prendre place à bord de l’un des planeurs en composite, qui s’étend sur 17 mètres et affiche 350 kg sur la balance, « sans les passagers », tient à préciser Jean-Luc, le pilote. Les parachutes sont enfilés, question de sécurité, bien qu’ils n’aient « jamais servi à Itxassou », assure-t-il. « Le risque zéro n’existe pas, mais on le réduit au maximum », précise le président du club. En vérifiant notamment qu’il n’y ait pas de souris dans les aérofreins. Danger insoupçonné.

Le câble qui relie notre planeur à l’avion à moteur est en place ; on abaisse la verrière, et c’est parti. Les deux engins prennent de la vitesse jusqu’à ce que le planeur décolle, quelques secondes avant l’avion qui le précède. La taille des voitures réduit à mesure que l’on prend de la hauteur, et on a le ventre qui fait des galipettes à chaque soubresaut.
À l’arrière, Jean-Luc communique avec le pilote du remorqueur, qui nous emmène à 900 mètres d’altitude. À proximité de l’Artzamendi, le vélivole actionne la commande de largage de câble. « On lâche », annonce-t-il à la radio, et voilà que le planeur est livré à lui-même.


Danse avec les vautours
Jean-Luc, qui pilote en tenant compte des « trois plans de vol », ne se lasse pas de planer dans le coin. À 73 ans, il se souvient de ses débuts dans les airs, « tout petit », emmené par son père. À l’instar des autres pilotes, il se soumet de bonne grâce, chaque année, à l’examen médical qui l’autorise à voler.

Pendant 35 minutes, on plane en surfant sur le vent, le ventre qui pétille et les yeux qui brillent. Alors que l’aiguille de l’altimètre descendait jusque-là sous le zéro, indiquant la perte en altitude du planeur, Jean-Luc repère quatre vautours au loin et met le cap. Imitant les majestueux nécrophages, le planeur s’engouffre dans la fenêtre d’air chaud, s’en servant comme d’un tremplin pour effectuer des tours sur lui-même. Les vautours dansent autour de nous à mesure que l’on grappille quelques mètres. Pour des bipèdes dont la place se trouve sur terre, le moment est magique.

Il est déjà temps d’amorcer la descente. Le sol se rapproche et l’avion rejoint finalement la terre ferme. On est secoué sur quelques mètres avant que l’engin ne s’arrête pour de bon, une aile au sol. « Ah oui, il n’y a pas d’amortisseur », rit le pilote. Cet après-midi, ce sont ainsi plusieurs humains qui ont pris de la hauteur avant de mieux revenir sur terre : une maxime que l’on appliquerait plus souvent.